L'avenir d'une ville dépend principalement de sa situation géographique. Des circonstances particulières peuvent accroître ou arrêter sa prospérité, augmenter ou amoindrir momentanément, son importance ; mais les considérations, qui réunissent les hommes en société, survivent aux circonstances et finissent toujours par prévaloir. La Réole, assise sur des collines aux pentes rapides et privée des avantages que donne une situation géographique exceptionnelle, ne pouvait grandir que par la guerre, ni aspirer à une certaine supériorité sur les autres villes du bassin de la Garonne que comme place-forte. Trop faible sous l'autorité de l'Ordre de St-Benoît pour avoir laissé une trace profonde dans l'histoire, elle acquit une importance si considérable pendant les luttes sanglantes du Moyen-Age, qu'il fallut par trois fois élargir son enceinte. Ses soldats, qui jusqu'alors avaient borné leur ambition à défendre ses murailles, entreprenaient de hardies expéditions militaires en rase campagne et ses Jurats, dont l'alliance était recherchée par les Rois et les Seigneurs ne se laissaient intimider ni par les foudres de l'Église, ni par les machines de guerre battant les remparts. La Réole, qui avait formé une ligue défensive avec Bordeaux, concluait bientôt après un traité de commerce avec les villes de l'Agenais et du Toulousain. L'exportation des produits naturels et manufacturés de la Juridiction, restreinte pendant longtemps aux villes du voisinage, s'étendait dans le Midi, dans l'intérieur de la France et jusqu'en Angleterre et les noms des négociants Réolais figuraient avec de riches chargements sur les registres de la douane de Londres. La guerre et le commerce, ces deux manifestations de la vie nationale, qui ont des effets si diamétralement opposés au point de vue des intérêts matériels, entraînent des conséquences identiques sous le rapport moral, puisqu'ils éveillent également dans l'esprit du soldat et du commerçant le sentiment de la valeur personnelle et par suite le goût de la liberté. Tel fut le point de départ des idées d'indépendance locale que les Réolais introduisirent progressivement dans la Charte de concession dictée en 977 par le duc de Gascogne et l'abbé de Fleury dans l'intérêt exclusif de leur autorité et nos vieilles et aristocratiques coutumes devinrent par ces accroissements successifs l'un des recueils de législation municipale les plus libéraux et les plus complets que nous ait légués le Moyen-Age. Ce code des franchises d'une petite ville justifie mieux que les quatorze sièges soutenus par nos aïeux le souvenir laissé dans les Annales du pays par une population, qui sut conquérir et garder de sages libertés... (extrait de l'Introduction, édition originale de 1873).
Publié en trois volumes en 1895, 1896 et 1897, l'Histoire d'Airesur- l'Adour est le seul ouvrage à ce jour dont l'ambition était de relater dans sa totalité l'histoire de la capitale du Tursan.
Ouvrage rare dont la réédition en 1982 est aussi difficile à trouver que l'édition originale ! C'est dire que l'ouvrage est précieux pour les habitants du lieu !
De la fondation de la cité jusqu'après 1870, voici sur près de 2000 ans l'histoire d'Aire-sur-l'Adour : cité aquitanique, capitale des Tarusates, elle devient une importante place galloromaine puis le lieu de résidence des rois wisigoths quand ceux-ci se taillent un royaume au sein même de l'Empire romain finissant. Sainte Quitterie y subit le martyre et sur le lieu même sera construite la crypte puis l'église qui porte son nom. Aire va ainsi devenir le siège d'un des évêchés de Gascogne. Ruinée tout à tour par les Sarrasins puis les Normands, la ville se relève sans retrouver tout son lustre d'antan.
Elle rentre dans la féodalité qui voit le duché d'Aquitaine passer au XIIIe siècle sous la suzeraineté de la couronne d'Angleterre. Détruite en 1290, elle devient un paréage entre l'évêque et le duc d'Aquitaine-roi d'Angleterre, Edouard Ier.
Mais la guerre de Cent-Ans modifie encore la donne au profit final du royaume de France et des entreprenants princes de Béarn, vicomtes de Marsan. Aire-sur-l'Adour devient définitivement française en 1453.
Dans les années 1930, l'éditeur David Chabas eut l'idée de créer une collection Villes du Sud-Ouest « dans le but de vulgariser l'histoire locale et d'aider la cause du régionalisme et du tourisme », avec un plan commun présentant : la situation géographique, l'aspect général, l'histoire de la cité, les hommes illustres, les curiosités et monuments, la vie sociale, le commerce et l'industrie, le tourisme.
Cette collection de plus d'une vingtaine de monographies, aujourd'hui complètement épuisées, méritait de retrouver une nouvelle vie, à condition d'en renouveler la partie illustrée (initialement en noir et blanc) et lui substituer des photographies d'aujourd'hui. Agen, dans le département du Lot-et-Garonne, est la deuxième de cette série réactualisée.