Alors que les forces russes envahissent l'Ukraine et que la guerre devient une réalité dévastatrice, en février 2022, Andreï Kourkov tient une chronique au jour le jour. À la fois journal personnel et commentaire politique et historique, ce texte explore les relations entre l'histoire ukrainienne et l'histoire russe, mais aussi entre les deux langues du pays. En décrivant comment une société pacifique fait face à l'occupation, l'auteur nous montre une culture qui, contrairement aux affirmations de Poutine, est singulière et démocratique, libérale et diverse - une culture qui « résistera jusqu'à la fin ».
Avec son regard aiguisé sur les événements et son amour des gens, Kourkov dresse le portrait d'un peuple uni dans la lutte contre sa disparition. Le pain est cuit et partagé dans les ruines. Un homme amputé trouve une place dans un train d'évacuation, des grands-mères fuient les villes occupées avec leurs coqs sous le bras... Et malgré tout, l'espoir reste le plus fort : des enfants naissent dans les caves, les fermiers cultivent leurs champs malgré les mines et les bombardements.
Dans son journal, Kourkov entrelace son histoire personnelle avec celle des autres Ukrainiens déplacés, et des communautés qui leur viennent en aide avec une générosité extraordinaire. Ensemble, ils attendent le moment où il sera possible de rentrer chez eux en sécurité.
A la veille de la Seconde Guerre mondiale, Felix Kersten est spécialisé dans les massages thérapeutiques. Parmi sa clientèle huppée figurent les grands d'Europe. Pris entre les principes qui constituent les fondements de sa profession et se convictions, le docteur Kersten consent à examiner Himmler, le puissant chef de la Gestapo. Affligé d'intolérables douleurs d'estomac, celui-ci en fait bientôt son médecin personnel. C'est le début d'une étonnante lutte, Felix Kersten utilisant la confiance du fanatique bourreau pour arracher des milliers de victimes à l'enfer.
Joseph Kessel nous raconte l'incroyable histoire du docteur Kersten et lève le voile sur un épisode méconnu du XXe siècle.
La plus longue et la plus romanesque histoire d'amour que la monarchie britannique ait jamais connue : celle du roi Charles III et de Camilla. Une histoire dans laquelle Lady Diana n'est pas qu'une " victime "...
Lorsque Charles, prince de Galles, est devenu roi sous le nom de Charles III le 8 septembre 2022, son épouse Camilla, duchesse de Cornouailles, est devenue reine consort, ainsi que l'a décidé la reine Elizabeth II le 5 février 2022.
C'est l'aboutissement de plus de cinquante ans de passion (leur première rencontre se situe en 1971), de doutes, de souffrances, de persévérance, de scandales, de tragédies et d'opprobre avant que cet amour " non négociable " triomphe avec la bénédiction de Sa Majesté la reine qui, elle aussi, a dû affronter les conséquences de cette romance hors normes. Une histoire d'amour qui est à rapprocher de celle de l'arrière-grand-mère de Camilla, Alice Keppel, avec Édouard, prince de Galles, qui deviendra le roi Édouard VII en 1901 à la mort de sa mère, la reine Victoria.
Même la belle-mère de Diana, la romancière à succès Barbara Cartland, n'aurait osé imaginer un tel scénario. Dans cette histoire, la " princesse des coeurs " joue le rôle de la victime tragique mais on verra que la vérité n'est pas toujours aussi simple.
Une enquête haletante riche en découvertes et qui surprendra plus d'un lecteur.
Nouvelle version de The Compatriots, The Brutal and Chaotic History of Russia's Exiles, Émigrés, and Agents abroad publié aux États-Unis en 2019, cet ouvrage - dont Jonathan Littell a eu l'idée de la traduction française - relate l'histoire de l'instrumentalisation par le pouvoir soviétique puis russe de la diaspora exilée, ou comment la Russie dès Lénine a utilisé les citoyens russes pour former une diaspora d'espions, de politiques, ou d'oligarques pour servir les intérêts de la mère-patrie, Russie d'hier et d'aujourd'hui en passant par l'ex-URSS. Cette nouvelle édition est largement enrichie de leur enquête sur les empoisonnements récents de Vladimir Kara-Murza et d'Alexeï Navalny et sur la récente vague d'immigration massive d'opposants depuis le début de la guerre en Ukraine - dont leur expérience personnelle et douloureuse fait partie.La guerre en Ukraine, l'effrayante répression de Poutine contre les leaders opposants, les dissidents politiques et les journalistes ont provoqué une nouvelle vague d'immigration, de la Géorgie à la Thaïlande, de la France aux Pays Baltes. Ces nouveaux émigrés ont pour traits communs un haut niveau d'éducation, un état d'esprit libéral et d'être originaire des grandes villes. Ils n'ont d'espoir de retour qu'à la condition d'un changement de régime.Ces nouveaux exilés ne veulent pas attendre les bras croisés que le changement advienne. Ils se sentent l'âme de la nation ; ils ont maintenu vivant leur lien avec le public russe en l'abreuvant tous les jours d'informations non-censurées grâce à la globalisation et à Internet. Parmi eux, les auteurs de ce livre. Émigrés eux-mêmes deux ans avant la guerre au début de laquelle ils furent inscrits sur la Wanted list des autorités russes pour leurs enquêtes, ils risquent aujourd'hui dix ans de prison s'ils reviennent en Russie.
Afin de penser l'Europe, Edgar Morin nous invite à abandonner les discours rhétoriques et les idées fragmentaires qui produisent des Europe imaginaires, idéales ou mutilées. Son essai, qui est en même temps un voyage interrogatif dans l'histoire et la culture européennes, conçoit l'Europe comme une unité multiple et complexe, unissant les contraires de façon inséparable.Pour la première fois dans les Temps modernes, l'Europe vit un destin commun. Il nous faut en prendre conscience si nous voulons élaborer un dessein commun.
L'éclatement de la Yougoslavie était-il inéluctable ? Les guerres yougoslaves ont-elles été des guerres de religion ? Les Balkans ont-ils raté leur transition économique ? La Serbie est-elle le cheval de Troie de la Russie dans la région ? La Chine est-elle en train d'acheter les Balkans ?
Alors que l'actualité de l'Europe se déplace vers l'Est, les regards se tournent à nouveau vers les Balkans : la guerre en Ukraine peut-elle s'étendre à cette région fragile ? De nouvelles violences vont-elles éclater au Kosovo ou en Bosnie-Herzégovine ? Trente ans après la dislocation de la Yougoslavie socialiste de Tito, tous les pays des Balkans occidentaux ont théoriquement « vocation » à rejoindre l'Union européenne, mais le processus d'élargissement est bloqué. Ces pays sont dominés par des élites corrompues et autoritaires, leur économie stagne, l'État de droit dérape, poussant ainsi les citoyens à l'exode.
Les Balkans redeviennent une périphérie marginalisée, « garde-frontières » de l'Europe, soumise aux jeux d'influences contradictoires de Bruxelles, des États-Unis, de la Russie, de la Chine ou de la Turquie. Ces 100 clés passionnantes nous font comprendre la complexité de cette région voisine méconnue, carrefour composite, véritable miroir grossissant de toutes les tensions géopolitiques de notre époque.
Ce livre est une histoire de l'Ukraine, du territoire et des hommes qui l'habitent, depuis Hérodote jusqu'à Zelensky. Racontée avec brio à travers une suite d'événements et de portraits des protagonistes insérée dans l'histoire politique, économique et militaire de l'Europe et dans celle de la chrétienté ; les deux présentées dans leurs grandes lignes mais sans simplifications excessives. La moitié du livre traite de la période antérieure à la Première Guerre mondiale, ce qui laisse assez de place pour une histoire plus détaillée de l'époque contemporaine.L'ambition de l'auteur vise toutefois un objectif plus difficile à atteindre que celui de simplement raconter à ses lecteurs l'histoire d'un pays souvent mal connu. Il essaie de leur faire comprendre toute la complexité de la situation de l'Ukraine en dévoilant ses racines historiques. Il y réussit pleinement en montrant comment un ensemble humain traversé par des frontières écologiques, religieuses, linguistiques, politiques, et dont les composantes ont vécu des passés fort différents, construit une identité commune, devient une nation et se donne un État.Serhii Plokhy évite toute apologie, ne cache pas les faces sombres du mouvement national ukrainien et les énormes difficultés d'apprentissage de l'indépendance face à un voisin, la Russie, puissant et hostile.Cette histoire de l'Ukraine est aussi celle de la Russie, l'une n'étant pas intelligible sans l'autre. À ce titre, elle est une excellente introduction à la compréhension du conflit actuel.
De quelle Russie Poutine est-il le maître ? Pour unifier ce peuple pluriel conquis par les Vikings et les Mongols, sans frontières naturelles, aussi européen qu'asiatique, la Russie a fait de ces multiples influences son identité propre, quitte à en forger les légendes. Mais, en jouant de ce passé, elle s'est enfermée et contrainte dans ses rapports avec le monde extérieur. Telle est la thèse de Mark Galeotti qui, en relatant avec brio son histoire en quelques chapitres enlevés, nous donne les clés pour comprendre ce pays. Une réflexion passionnante et très accessible pour mieux comprendre la figure de Vladimir Poutine et la crise géopolitique actuelle.
Poutine a fabriqué une fausse histoire russe, définie par une essence métaphysique qui justifierait sa prétention à un leadership mondiale, en imposant à la planète entière ses valeurs profondément réactionnaires, qui gouvernent sa politique intérieure. La réactivation de la vieille dynamique impériale va bien au-delà de l'espace entourant le territoire russe : cela est la nouveauté. Le livre analyse le rapport entre répétabilité de structures anciennes et événements singuliers actuels. La dimension impériale, le patrimonialisme, la personnification du pouvoir et sa légitimité transcendée, le refus des éléments émancipateurs dans le libéralisme politique... autant de strates érodées, mais encore actives de l'histoire russe. L'auteur les expose et les met en rapport avec les propos officiels sur l'Ukraine, la guerre et l'Occident. C'est un livre d'histoire qui éclaire la densité de l'actualité et dévoile les ambitions en jeu dans cette croisade messianique.
De 1547 à 1917, la Russie est dirigée par un tsar. Autocrate, il tient son pouvoir de Dieu et de luimême, et ne saurait le partager avec personne. Il règne et il gouverne. Les changements de souverains, de capitale et même l'accession des femmes au trône, avec les impératrices du XVIIIe siècle, ne changent en rien la substance de pouvoir, ni le lieu du couronnement qui demeure toujours Moscou. Comment devient-on tsar ? Quel est son pouvoir ? Comment sont caractérisés les rites et la sacralité ?
Afin de répondre à ces questions, Pierre Gonneau retrace quatre siècles de l'histoire russe. Du premier tsar, Ivan le Terrible, jusqu'à l'abdication du dernier, Nicolas II, en passant par la première femme politique russe, Stenka Razine, l'auteur dévoile ce qui fait l'essence de l'image et de la fonction de tsar à travers des biographies de souverains, et souveraines, qui se sont succédé sur le trône de Russie.
Les révolutions de 1917 ont jeté à bas les symboles tsaristes, pourtant plusieurs dirigeants soviétiques, notamment Staline, ont été qualifiés de « tsar rouge », montrant ainsi la permanence de l'autorité absolue d'un chef unique dans l'histoire de la Russie.
Autocrate, le tsar tient son pouvoir de Dieu et ne saurait le partager. Il règne et il gouverne.
À travers les biographies contrastées des souverains et souveraines qui se sont succédé, Pierre Gonneau explique ce qui fait l'essence du personnage et sa fonction, du premier tsar, Ivan le Terrible, jusqu'à l'abdication du dernier, Nicolas II, en passant par des figures monumentales, comme Pierre le Grand ou Catherine II, mais aussi par les tsarévitchs assassinés et les imposteurs qui prétendent les réincarner. Il les fait revivre dans leur réalité humaine, dans leurs succès et leurs échecs, mais aussi dans la manière dont ils ont habité ce rôle unique.
C'est une façon nouvelle et enrichissante de raconter l'histoire de la Russie de l'Ancien Régime.
Peu de villes ont autant souffert que Smolensk, incendiée lors de sa conquête par les troupes napoléoniennes, martyrisée par les nazis. Le nom de cette « Ville héros », l'une des plus vieilles cités de Russie qui commande la route des grandes invasions venues de l'Ouest, résonne sans cesse dans l'histoire du pays. Stendhal y écrivit ses plus belles pages sur la « déplorable catastrophe » que fut l'invasion de la Russie par la Grande Armée. Patrie de Mikhaïl Glinka et de Youri Gagarine, Smolensk fut également l'un des laboratoires du bolchevisme et de la répression stalinienne. Les victimes de ses tueries de masse sont ensevelies à quelques kilomètres, dans la forêt de Katyn où les bourreaux du NKVD, la police politique soviétique, massacrèrent 4 400 officiers polonais au printemps 1940. Soixante-dix ans plus tard, en 2010, l'avion présidentiel polonais avec la délégation venue leur rendre hommage se crashait non loin de son aéroport là où, en 1943, Hitler aurait dû mourir si la bombe placée dans son avion avait explosé. Toujours immortelle derrière sa ceinture de remparts, parsemée des clochers baroques de ses nombreuses églises, Smolensk illustre aussi l'obsession des Russes pour la « Grande Guerre patriotique », portée à son paroxysme par Vladimir Poutine. Le souvenir de la Seconde Guerre mondiale et de ses 27 millions de morts est devenu la matrice de celle qu'il a déclenchée en Ukraine. Conjuguant avec maestria récit historique et grand reportage, passé et présent, François Malye entraîne le lecteur par ce texte enlevé, nerveux, riche en anecdotes qui croise l'héritage des grands mémorialistes du Premier Empire avec un récit personnel qui n'est pas sans évoquer la prose de Jean-Paul Kauffmann.
« Nous ne serons jamais frères ; ni de même patrie, ni de même mère. » Tels sont les mots adressés par la poétesse ukrainienne Anastasia Dmitruk au peuple russe en 2014, miroir inversé des discours récents de Vladimir Poutine qui ne cesse de souligner au contraire l'identité commune entre les deux pays.
S'appuyant sur son expérience de terrain en Russie et en Ukraine, Anna Colin Lebedev retrace les trajectoires de ces deux sociétés pendant les années postsoviétiques. Si l'époque soviétique a créé une proximité forte entre les deux sociétés, leur passé n'est pas complètement commun, et les différences n'ont cessé de s'approfondir au cours des trente dernières années. À partir de 2014, l'annexion de la Crimée et la guerre dans le Donbass ont conduit à une rupture entre Russes et Ukrainiens qui ont cessé d'avoir la même vision d'un destin partagé. Et c'est un gouffre qui semble depuis février 2022 se creuser entre les deux peuples, alors que l'agression armée de l'Ukraine par la Russie les ont fait basculer dans l'horreur d'un conflit meurtrier.
Aucun livre ne suffira à combler ce gouffre et à panser l'immense blessure de la guerre. Ce texte se veut cependant un pas dans une direction essentielle : ne pas renoncer à connaître et comprendre l'autre.
Après l'accumulation d'horreurs de la première moitié du XXe siècle qui avaient conduit « l'Europe en enfer », les années 1950 à 2018 apportèrent la paix et une prospérité relative à la majeure partie de l'Europe.
Malgré d'immenses progrès économiques, l'Europe était désormais un continent divisé, vivant sous une menace nucléaire. Ses habitants perdirent la maîtrise de leur destin, dicté par la guerre froide qui opposait les États-Unis et l'URSS, et se trouvèrent « précipités » dans une série de crises qui menaçaient de les faire basculer dans la catastrophe. Il y eut aussi des succès éclatants : la dissolution du bloc soviétique, la disparition des dictatures et la réunification de l'Allemagne. L'accélération de la mondialisation, la dérégulation financière, la naissance d'un monde multipolaire, la révolution des technologies de l'information ont fait entrer l'Europe dans une nouvelle ère de fragilités et d'incertitudes.
Puisant ses exemples à travers tout le continent, ce livre remarquable éclaire puissamment l'histoire du temps présent et jette un regard prudent sur notre futur.
La grandeur de l'Autriche est d'abord l'oeuvre de ses souverains, les empereurs qui se succédèrent de 1450 à 1918. Mais ceux-ci n'auraient pu accomplir leur mission sans le concours des ministres qui les assistèrent. C'est toute l'originalité de ce livre qui propose neuf portraits de grands serviteurs de l'État habsbourgeois. Il commence à la fin du XVIIe siècle quand l'Autriche accède au statut de grande puissance européenne après les victoires sur les Turcs et la reconquête de la Hongrie qui forme dorénavant un ensemble compacte avec le noyau austro-bohême. Il s'ouvre avec la brillante figure du prince Eugène de Savoie. Puis viennent le prince Wenzel Anton von Kaunitz, le principal collaborateur de Marie-Thérèse et le père de l'alliance avec la France de Louis XV ; le prince Klemens Wenzel von Metternich, le vainqueur de Napoléon ; le prince Félix zu Schwarzenberg, le restaurateur du pouvoir monarchique après la révolution de 1848 ; Alexander von Bach, la figure emblématique de l'ère néoabsolutiste ; le comte Friedrich Ferdinand von Beust, l'artisan du compromis austro-hongrois de 1867 ; le comte Eduard von Taaffe qui pratiqua une politique des compromis permanents, la mieux adaptée à la nature pluraliste de l'Autriche-Hongrie ; le baron Max Wladimir von Beck, le dernier grand ministre de François-Joseph, qui fit voter l'adoption du suffrage universel. Cette galerie s'achève avec le Premier ministre hongrois, le comte Istvan Tisza, partisan résolu du dualisme dont la mort en octobre 1918 coïncide avec l'effondrement de la double monarchie.
«Et puis il y a ces années-ci, les vingt premières du XXI? siècle, où la machine à fabriquer l'Histoire tourne à plein régime et fait de nouveau vaciller notre monde européen bien ordonné, fondé sur la paix et la prospérité.»Comment l'Europe a-t-elle géré les crises qui ont secoué le continent depuis 1999 jusqu'à aujourd'hui ? Après le succès de Voyage d'un Européen à travers le XX? siècle, Geert Mak reprend son récit à l'aube du nouveau millénaire.En s'appuyant sur des entretiens et des rencontres, l'auteur interroge à la fois les grands mouvements de l'Histoire et les vies des citoyens qui ont dû en subir les conséquences, mettant en lumière ce qui nous lie, mais aussi ce qui nous divise en tant qu'Européens. Cet essai brûlant d'actualité nous invite à revisiter les événements qui ont marqué le début du XXI? siècle, de la tragédie du 11-Septembre jusqu'à l'agression armée de la Russie contre l'Ukraine.Écrit d'une plume limpide pleine de vivacité, Les rêves d'un Européen au XXI? siècle nous offre un panorama puissant et sensible de ces deux dernières décennies.
Avec le décès de la reine Elizabeth II, survenue le 8 septembre 2022, l'un des derniers géants du XXe siècle s'est éteint. Si chacun s'y était préparé, les mots « la Reine est morte » provoquèrent une onde de choc, qui se fit ressentir bien au-delà des frontières du Royaume-Uni. Son fils ainé, Charles, tout à son chagrin, devait toutefois enfin assumer le rôle pour lequel il est né. Depuis plus de 70 ans, il est l'héritier direct de la couronne britannique à avoir attendu le plus longtemps son accession au trône.
Aujourd'hui roi, qui est Charles III ? Comment sa vie publique et privée l'a-t-elle préparée à assumer, à l'âge où ses pairs profitent des joies de la retraite, la fonction de chef d'État du Royaume-Uni et de 14 autres pays, ainsi que de celle de chef du Commonwealth ?
Constitutionnellement, mais aussi dans le coeur des Britanniques, Charles a jusque maintenant été habitué à jouer les seconds rôles. Être l'héritier d'une reine aussi populaire qu'Elizabeth II n'est pas chose aisée. Sa vie durant, il aura marché derrière elle. Pendant ses près de quinze ans de mariage avec Diana, il a largement vécu dans l'ombre de son aura incroyable. Et depuis la mort de la princesse, l'affection et l'attention du peuple britannique se sont, majoritairement, portées sur ses enfants.
« Fils de », « époux de », puis « père de », Charles dut donc se battre pour affirmer sa personnalité et promouvoir ses engagements, qu'au-delà de quelquesuns de ses sujets attentifs les gens connaissent encore mal. Celui qui était jusque très récemment le Prince de Galles s'est investi - souvent avec préscience, et en jouant parfois avec les limites de son rôle constitutionnel - pour l'environnement, pour les jeunes défavorisés, la régénération des quartiers urbains ou encore les médecines alternatives. Il s'est engagé également pour la modernisation de la monarchie britannique, alors même que s'est engagée, dix ans avant la mort de la reine, une période de transition marquée par des crises menaçant la pérennité de l'institution.
C'est cette vie de combats, façonnée par son histoire personnelle, que ce livre propose de raconter, éclairant les lecteurs sur le style, les idées et les ambitions du nouveau roi.
À première vue, il n'est pas d'histoire de l'Italie qui ne débouche sur la création au XIXe siècle d'un État unitaire. Qu'en est-il, cependant, lorsqu'on coupe le film avant l'Unité ? Que devient l'histoire de l'Italie lorsque, s'arrêtant dès 1815, on fait abstraction d'une suite qui nous est désormais connue, mais ne l'était pas des contemporains ? Le récit national, alors, n'a plus lieu d'être, et le postulat d'une Italie perd de sa légitimité. Du XIIe au début du XIXe siècle, c'est tout autant d'Italies, à la fois proches et diverses, dont on peut parler. Au fil de trente-quatre chapitres thématiques, ce livre explore ces Italies d'avant l'Italie. Écartant tout récit qu'aimanterait une fin nécessaire, il invite le lecteur à une promenade entre des histoires distinctes, mais souvent enchevêtrées, survenant dans des espaces tantôt centrés sur la Péninsule, tantôt resserrés dans les limites d'un simple village ou dans les murs d'une orgueilleuse cité, tantôt dilatés à la mesure des mers, des empires ou de l'universelle romanité.
Dans ce livre, les bateaux naviguent ; les vagues répètent leur chanson ; les vignerons descendent des collines des Cinque Terre, sur la Riviera génoire ; les olives sont gaulées en Provence et en Grèce ; les pécheurs tirent leurs filets sur la lagune immobile de Venise ou dans les canaux de Djerba ; des charpentiers construisent des barques pareilles aujourd'hui à celles d'hier.
Le 15 septembre 1812, Napoléon entre dans Moscou. Dans la nuit, la ville s'embrase dans un océan de flammes. Après avoir longtemps espéré l'ouverture de négociations avec le tsar, la Grande Armée quitte la capitale ruinée le 19 octobre ; l'Empereur veut écraser l'armée russe et s'installer à Smolensk avant l'arrivée de l'hiver. Mais le froid et la neige sont en avance sur le calendrier. L'hiver russe surprend des troupes épuisées, sous-équipées, mal ravitaillées, embarrassées par leur butin, leurs blessés et leurs malades. La tragique retraite de Russie commence.
Michel Bernard raconte avec une rare maestria l'hallucinant voyage dans l'enfer blanc de la Grande Armée, en suivant l'itinéraire de onze hommes et une femme à travers la plaine enneigée, les collines verglacées, les forêts pétrifiées, au milieu des combats et du harcèlement des cosaques. Il raconte l'histoire de leur lutte quotidienne contre le froid extrême, le blizzard, la faim, la peur, le désespoir. Elle est comédienne ; ils sont officiers, sous-officiers ou soldats, diplomate (Caulaincourt), fonctionnaire et bientôt grand écrivain (Stendhal) ; ils se battent et avancent, passent monts et rivières, d'abord soutenus par le sens du devoir, puis par l'instinct de survie qui fait sauter cadres hiérarchiques, conventions sociales, et jusqu'aux repères moraux. Il n'y a plus d'armée, plus d'ami, mais le désir de s'en sortir, d'en finir avec une épreuve qui dépasse toutes les souffrances connues.
Napoléon est l'un de ces hommes. D'abord désorienté par l'évolution d'une campagne où rien ne s'est passé comme il l'escomptait, il s'efforce de sauver ce qui peut l'être quand s'annonce le désastre. Pour lui et son Empire, c'est le début de la fin ; pour les 20 000 survivants, vieillis, désabusés, l'âme marquée d'inguérissables blessures, « c'est encore la guerre et déjà, irrépressible, le temps du souvenir » (Michel Bernard).
Régulièrement présente dans les médias depuis une dizaine d'années, l'Ukraine est au coeur de l'actualité internationale depuis l'invasion russe du 24 février 2022 qui a transformé en guerre chaude un conflit qui semblait gelé à l'est depuis 2014.
Les nombreuses analyses et débats consécutifs à cette invasion furent l'occasion de mesurer combien notre connaissance de ce pays était lacunaire, se limitant souvent aux clichés d'une Ukraine berceau de la Russie, terre des cosaques, grenier à blé de l'URSS et d'une succession de gouvernements entachés par une corruption massive.
Partant de ces idées reçues, auxquelles s'ajoutent désormais celles directement liées à la guerre, Alexandra Goujon dresse un portrait précis et documenté de cette Ukraine qui nous est désormais plus familière.
En 2016, Jean-Christophe Buisson a publié un 1917, l'année qui a changé le monde qui a fait date tant cet album innovant conjuguait un récit global - au moyen d'une chronologie commentée très écrite - avec une illustration riche et rare, ponctuée d'une vingtaine de portraits de personnalités culturelles, politiques et historiques de premier plan souvent négligées par la postérité. L'ouvrage a rencontré un grand succès public (10 000 lecteurs) et a été unanimement salué par la critique.
Six ans après, c'est d'un autre centenaire qu'il s'agit avec le centième anniversaire de l'arrivée au public de Mussollini via la marche sur Rome, ouvrant l'ère fasciste, amplifiée dix ans plus tard par l'avènement d'Hitler avant de plonger le monde dans l'enfer de la guerre mondiale et connaître une fin tragique, scellée pour la postérité par le procès de Nuremberg. Plongeant leurs racines dans le traumatisme de la Première Guerre mondiale, fascisme et nazisme -même si ils divergeaient sur de nombreux points- convergeaient dans leur haine des démocraties occidentales et la volonté d'ériger un Etat total et totalitaire, absolutiste et conquérant, concurrent de celui du frère ennemi communiste.
Une des grandes richesses de ce livre, qui en compte beaucoup, est de montrer le caractère mondial de l'attraction qu'ils ont pu susciter non seulement en Europe mais dans le monde entier via l'instauration d'Etats-croupions et de partis-frères sans oublier le troisième pilier de « l'Axe », soit le Japon systématiquement occulté. Plus largement, l'historiographie traite chacun de ces régimes à part tout en se limitant à la dimension politique puis militaire de leur histoire à partir de la Seconde Guerre Mondiale qui débute pourtant, mais qui s'en souvient, avec l'invasion de la Mandchourie par l'Empire du Soleil-Levant en 1931.
Fidèle à son habitude, Jean-Christophe Buisson englobe tout, accordant une large place à l'histoire culturelle, sociale, scientifique et sportive sans négliger naturellement l'histoire politique, diplomatique et militaire. Mais il hiérarchise à la perfection afin de conserver à son texte le caractère d'un grand récit. En résulte un récit édifiant, enlevé, novateur par son procédé même qui rapproche par la chronologie des événements que l'on néglige d'associer.
Une vingtaine de portraits, enlevés, relèvent l'ensemble, magistralement mis en image par environ 200 illustrations privilégiant des représentations méconnues et oubliées.
Un livre-événement promis au rang de futur classique.
À la fin des années 60, l'Irlande du Nord s'embrase dans un conflit armé qui durera trois décennies. Sorj Chalandon, envoyé spécial pour le quotidien Libération fut un exceptionnel témoin des « Troubles ». Relire ses articles, c'est pénétrer au coeur des événements, percevoir et comprendre l'un des conflits les plus marquants d'Europe.